Il y a quelques années, j’ai quitté la maison familiale sans savoir que l’attente d’y revenir serait si longue. J’ai recréé en maquette, de mémoire, l’immeuble où j’ai grandi. Les souvenirs deviennent flous. À 5000 km de chez moi, entre sculpture et récit, je tente de matérialiser un souvenir mouvant. Est-ce toujours chez moi ? En immigrant, est-ce que je me construis un autre chez-moi ?
Le « chez-moi », Homeness, est un concept central dans mon processus. Je me suis confinée sur mon lieu de travail pendant six jours et six nuits, dans une performance immersive : habiter un lieu public. Être chez soi, est-ce une question d’espace, de mémoire, ou de rituel ?
Je m’inspire de la psychologie cognitive (Daniel Schacter) pour penser la mémoire comme matière malléable, sujette à la transience, aux biais, aux faux souvenirs. L’œuvre devient une recherche interdisciplinaire sur le lien entre lieu, mémoire et appartenance.